Discours de l'Orateur à l'allumage des feux d'Union et Fraternité le 4 mai 1975

Ces quelques mots traduisent les intentions des membres fondateurs de notre Atelier, et ils sont toujours d'actualité aujourd'hui.

« Pourquoi une loge  ?
Que de fois avons nous entendu cette question au cours de ces derniers mois ! Quoique divers par nos modes de vie, par notre culture, par nos options politiques, nous sommes un certain nombre ici à nous être trouvé des motivations communes et pour mieux y répondre, à nous réunir au sein d'un nouvel atelier. Très modestement, je me propose de vous les exposer. Je ne crois pas d'ailleurs apporter un message nouveau. Nous pensons opportun de rappeler pourquoi nous et beaucoup d'autres sommes entrés en maçonnerie.

Notre époque de bouleversements techniques qui donne à l'humanité la maîtrise du temps et de l'espace, n'a pas permis une véritable rencontre des hommes. Certes nous allons plus vite du nord au sud de l'est à l'ouest. Certes nous avons la possibilité d'une information immédiate, mais ivres de vitesse et de bruits, nous restons plus isolés que nos ancêtres. Plus qu'eux, peut être nous aspirons à des contacts fraternels. L’Ordre est essentiellement fraternité et telle est la motivation profonde de notre adhésion.

Cette fraternité est par ailleurs de pratique difficile. Notre vitalité nous pousse à nous affirmer égoïstement au détriment de notre prochain. La loge, par ses contacts fraternels, conduit chacun à la domination et au dépassement de ses passions. Elle est une véritable école de maîtrise et mène ainsi sur le chemin de l'équilibre et de l'harmonie qui aboutit à la sagesse. C'est là, la seconde raison de notre entrée en maçonnerie, le désir d'un perfectionnement moral.
Maîtres de nous mêmes, fraternels, nous aspirons à communiquer nos réflexions et nos idéaux. Chacun est le témoin de son milieu social et professionnel, historique, philosophique et porte en lui des valeurs morales et scientifiques.
Leur confrontation libre permet un enrichissement profond tant sur le plan de la connaissance que sur celui de la morale. Il n'est pas tellement question de conquérir à ses conceptions mais plutôt d'éclairer son frère par sa propre expérience et d'éclairer sa propre conduite par l'expérience de son frère. Ce besoin de réflexion collective étranger à tout prosélytisme est rarement satisfait dans le monde profane, les méthodes de travail de l'Ordre y répondent largement.

Enfin, la Franc-Maçonnerie invite ses membres à l'élaboration d'une société meilleure, plus fraternelle, plus juste, c'est le grand œuvre auquel tous les Frères sont conviés et dont tout honnête homme porte en lui l'espoir. A cet appel nous avons été sensibles et nous y avons répondu en demandant notre initiation.
Besoin de fraternité, volonté de maîtrise de nous même, aspiration à un dialogue libre et à une confrontation permanente de nos expériences et de nos réflexions, désir ardent de bâtir la cathédrale parfaite de l'humanité future telles sont les motivations profondes qui nous ont conduits à la Franc-Maçonnerie et à nous regrouper au sein de ce nouvel Atelier.

Toutefois l'expérience nous pousse à prendre certaines précautions, si elles étaient négligées nous risquerions de nouvelles désillusions insurmontables. Généreuse par la fraternité qui unit ses membres, hospitalière par son souci de libre confrontation la loge apparaît comme un creuset où viennent se fondre, tels de purs métaux, les aspirations diverses de l'humanité. Elle peut être qualifiée de centre de l'Union.

Cependant l'ouverture qu'elle suppose ne peut pas être totale. Elle refuse les philosophies et forces qui avilissent, elle rejette le comportement de violence et de contrainte. Elle se limite aux hautes valeurs morales qui mènent à l'épanouissement et qui sans la maçonnerie auraient continué de s'ignorer.

Ces hautes valeurs morales qui se résument dans la devise « Liberté Égalité Fraternité » sont le fonds commun de tous les Franc-Maçons qui les ont choisies le jour de leur serment initiatique. Mais les voies qui conduisent à leur réalisation sont accidentelles elles ne relèvent pas de l'ordre mais de la conscience de chaque Frère Si la Loge se préoccupe de les confronter elle ne se prononce pas sur leur valeur, elle conduit à ce propos par ses méthodes de travail le débat et l'information réciproque au seuil de l'option tactique ou politique et se garde bien de le franchir.

Ainsi nous venons en Loge pour nous rencontrer, nous aimer comme des Frères nous perfectionner nous instruire, cultiver les hautes valeurs morales qui depuis toujours unissent les hommes de bien qui veulent édifier le temple futur de l'humanité. Si nous ne sommes pas venus chercher un dogme politique religieux ou philosophique, le rôle de la Loge au sein de laquelle nous trouvons amour fraternel soutien et expérience est de nous éclairer dans le choix toujours personnel de voies qui mènent à la réalisation du grand Œuvre.  »

Discours prononcé à l'occasion de l'allumage des feux le 4 mai 1975.